LE CORPS SOUFFRANT
CYCLE 1 Le Corps questionné par l’art
LUNDI 4 NOVEMBRE 19h30 > Salle Jean Renoir
Serge LEGAT, Historien de l’art et professeur à l’Institut d’Études Supérieures de l’Art
LE CORPS SOUFFRANT
Montrer le corps souffrant, c’est transgresser la tradition idéaliste de la représentation du corps humain. Les artistes flamands et allemands excellent dans le rendu des physionomies féroces (visages bombés ou osseux, nez ou mentons déformés, bouches édentées, …). Cette propension à la laideur se développe tout au long du XVe siècle et culmine au début du XVIe siècle avec Jérôme Bosch. Les marques de la vieillesse imprègnent les portraits des écoles du Nord alors que les peintres italiens résistent longtemps à la tentation réaliste.
La chair abondante et belle peut sombrer dans l’obésité à caractère pathologique et le corps idéal peut céder la place aux difformités de la nature, voyant naître un monde peuplé de « monstres ».
Les artistes n’ont cessé de questionner le thème de la crucifixion, souvent en dehors de tout contexte religieux pour l’art moderne, comme le peintre Francis Bacon qui s’est identifié à ce corps extrême de la figure christique et qui a déclaré : « Nous sommes des carcasses potentielles. Si j’entre dans une boucherie, je trouve toujours surprenant que ce ne soit pas moi qui soit à la place de l’animal ».
Illustration : Les Moutons, (détail), Mylène BESSON, Fusain, pastels et pierre noire sur papier marouflé sur toile, 2022, (555 x 255cm) © Mylène Besson